Né sur les cendres de Madrugada, Ricochets et My Midnight Creeps, les Norvégiens de Kitchie Kitchie Ki Me O ont sorti leur premier album en 2011 et je suis complètement passé à côté. Pourtant, leur musique est digne de retenir l’attention et ce même s’ils utilisent un saxophone. Oui, vous avez bien lu. Je ne suis vraiment pas fan de l’utilisation de cuivres dans le rock tout simplement parce que je pense qu’à la base ce ne sont pas des instruments rock. Mais l’utilisation qu’en fait KKKMO m’a fait changer d’avis. À mon avis, ils ont totalement réussi à intégrer cet instrument dans leur univers pourtant très rock. Bon ok, leur musique n’est pas que rock. D’ailleurs, j’aurais du mal à définir leur musique même si ma vie en dépendait. Ils ont un côté 80’s, un chant hanté qui peut rappeler Bertand Cantat ou Jim Morrison, une ambiance sombre à la Velvet Underground, un côté un peu dandy à la Dears et un petit quelque chose aussi qui laisse penser que KKKMO pourrait peut-être un jour faire partie d’une BO de Quentin Tarantino. Mais la somme de ces éléments est bien loin de donner une idée de ce qu’ils font. Bref, voilà un groupe qui a une forte personnalité, tout simplement, et au diable les étiquettes. Leur album éponyme propose dix titres qui ne sont certes pas tous des tueries en puissance. Mais l’ensemble est homogène et très cohérent ce qui fait que les passages moins bons nous permettent de « redescendre » un peu avant de prendre la prochaine montée. Des titres comme « Everything Burns », « After Party Killer » ou encore « One Day » sont tout simplement incontournables. Une composition efficace, les chansons coulent toutes seules, sans effort et on se laisse embarquer dans cet étrange univers. Le premier titre, « Next », campe le décor avec son rythme très enlevé qui n’est pas sans rappeler le style de Diablo Swing Orchestra – en beaucoup moins barré quand même. En tout cas, très bon choix d’ouverture pour cet album car tout ce qui fait l’unicité de ce groupe se retrouve dans cette chanson : des choeurs bien sentis, des breaks improbables et toujours ce fameux saxophone. « Forgotten » fait la part belle au chant hanté d’Alex K. Chanson plus conventionnelle dans son ensemble mais terriblement efficace. « Hey Honey » est le premier passage un peu « creux » de l’album, la première descente, sans être ni mauvaise ni exceptionnelle, cette chanson est un peu passe partout, on l’écoute mais elle ne ressort pas vraiment surtout entre « Forgotten » et « Everything Burns ».

« It Must Be Real » démarre sur une intro de saxo qui laisse rapidement place à la batterie puis à la guitare et enfin au chant. C’est très sombre, ça avance comme un serpent, lentement, il y a un côté chamanique aussi je trouve, ou quelque chose de mystique en tout cas. Très bon morceau même s’il ne possède pas le côté accrocheur de « Everything Burns » par exemple. « I’ve Been Watching You (Night And Day) repose sur un effet de chant contre-chant entre les choeurs (qui font la majeure partie du travail) et le chanteur (qui semble appeler un prénom – peut-être Caroline, cela dit, n’ayant pas les paroles, ce n’est qu’une supposition), le tout sur un rythme assez soutenu. Là encore, une ambiance inquiétante, on a toujours ce côté vaudou/chamanique très présent. Un bon morceau mais un peu en retrait, d’autant plus qu’il se situe juste avant « After Party Killer ».

Vient ensuite « Let It Slide » qui à mon avis est la chanson la plus faible de l’album. Elle s’écoute, elle s’intègre bien dans le reste de l’album mais elle n’a pas les qualités des chansons que nous venons de voir. Je passe donc rapidement. « Five Seconds To Midnight » n’a rien avoir avec le « Two Minutes To Midnight » de qui-vous-savez. Il s’agit d’un morceau instrumental qui fait la part belle au saxophone. Super morceau, un solo de saxo bien chiadé, très mélodieux, rien à dire. On « remonte » progressivement après « Let It Slide » pour finir sur une très bonne note avec l’imparable « One Day », très marqué par l'influence de Madrugada.